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La décroissance
22 septembre 2005

Les Drogues vues d'ailleurs

Projet de conférence pour le Congrès sur la Toxicomanie

Un des premiers empereurs de Chine décida de tout faire pour libérer son peuple de l’emprise de l’opium. Son empire était de plus en plus vulnérable, les impôts ne rentraient plus puisque peu de personnes acceptaient encore de travailler. Il promulgua une loi punissant sévèrement ceux qui s’adonnaient à la drogue. Il eut beau accentuer la répression, rien n’y fit. Après s’être retiré plusieurs jours pour réfléchir, il trouva la solution. Il inventa Dieu et la religion. Dieu interdit entre autres la consommation de drogue, et tout redevint normal dans l’empire. Les impôts recommencèrent à rentrer. L’empire put enfin faire la guerre à ses voisins et prospérer.

Nous vivons aujourd’hui dans une économie de marché, une économie dite libérale, mais où le sens religieux a disparu, à part chez quelques intégristes monothéistes. Même la foi dans des lendemains qui chantent a fait long feu.

Et on s’étonne que l’assuétude, l’addiction, gagne du terrain.

Nous vivons dans une société qui ENDOCTRINE tout un chacun pour qu’il soit le meilleur consommateur possible.

On s’empiffre pour un oui ou pour un non.

On change de voiture, de chaîne HiFi, de Game-boy.

"Avec ce que nous savons aujourd'hui de la biologie des comportements, je suis effrayé par les automatismes qu'il est possible de créer à son insu dans le système nerveux de l'enfant. Il lui faudra dans sa vie d'adulte une chance exceptionnelle pour s'évader de cette prison, s'il y parvient jamais!"  Henri Laborit (1914-1995  ), Eloge de la fuite.

Nous ne sommes plus que des mangeurs, des boulimiques, des goinfres, des ingurgiteurs, des insatiables, et conséquemment, des déféqueurs, des pollueurs !

La publicité nous instrumente. La technique nous instrumente. Les médias nous instrumentent.

Comment peut-on avoir la prétention de soigner un toxicomane, un dépressif, un névrosé, alors que c’est le monde qui est malade.

Dans « Malaise dans la civilisation », Freud écrivait déjà que la civilisation était menacée par les pulsions humaines d’agression et d’autodestruction. Aujourd’hui c’est pire, c’est la planète elle-même qui est menacée par l’homme.

Le discours de ceux qui détiennent le pouvoir politique, économique, idéologique et médiatique est unanime à considérer la croissance économique comme  objectif permanent et comme remède à tous les maux existant. Ils sont incapables de remettre le progrès en question. Ils inventent des non-sens comme « Développement durable »* afin de ne pas voir la réalité. Le discours dominant révèle le symptôme d’une maladie psychique, intermédiaire entre la névrose et la schizophrénie, la schizonévrose. Avec une obsession récurrente : la croissance et l’emploi. Alors qu’ils savent très bien, que dans le système économique de marché, d’une part, le chômage est une variable d’ajustement, et d’autre part à long terme, croissance économique et progrès technique sont destructeurs d’emplois. L’accroissement de la productivité s’obtenant essentiellement par le machinisme et l’automatisme. Ce processus mécanique a aujourd’hui atteint ses limites par l’épuisement des ressources énergétiques fossiles alors que les habitants des pays développés ou émergeants, sont victimes de l’addiction au pétrole. Le développement industriel a créé une structure sociale d’où personne ne peut s’échapper, où chacun se trouve enfermé : (En Occident, 90% des transports et 90% des produits fabriqués aujourd’hui sont dépendants du pétrole. Par exemple chacun sait qu’il est urgent de ralentir la production de CO² pour ne pas augmenter l’effet de serre, mais il est impossible aux automobilistes de se passer de leur voiture puisque tout a été fait depuis cinquante ans pour mettre les logements loin des lieux de travail et des centres commerciaux…

Vivre sans voiture devient impossible. Tous ceux qui ne peuvent plus conduire, comme les personnes âgées, ceux à qui on a enlevé le permis pour quelques peccadilles ou ceux qui ne l’ont pas encore, sont relégués dans le camp des exclus. 

Mais les dirigeants font tout pour "empêcher le public de connaître la vérité sur la diminution des réserves de pétrole afin d’éviter une chute des marchés financiers, menant à un effondrement de l’économie mondiale" (selon un membre de l’Association pour l’étude du pic de pétrole, cité dans La Décroissance n° 28)

Le discours dominant nous incite à consommer plus pour produire davantage et créer des emplois, alors que tous les indicateurs écologiques de la biosphère sont en rouge. C’est comme si nous étions dans une voiture sans frein dévalant la pente et qu’on nous dise de bien nous accrocher, alors qu’il faudrait sans tarder sauter en marche avant que le véhicule ne s’écrase contre le mur. Ce déni de réalité est la caractéristique essentielle d’une schizophrénie collective. Qui faut-il soigner ? Plus l’être est lucide, plus il se sent étranger à ce monde incohérent. Étranger, c’est alienus en latin, l’aliéné.

L’Economie Monde, ce qu’on appelle la Globalisation, la Mondialisation est sans doute un système efficace, mais pour qui ?

C’est surtout un système de déstructuration de l’économie et des sociétés.

Les nations perdent leur pouvoir traditionnel et se retrouvent dépendantes, sous l’emprise de la loi des flux de capitaux internationaux.

Comme si c’était le sang qui dans le corps humain, avait le pouvoir absolu et régissait tout pour sa seule survie. Les nations perdent leur cohérence économique, politique et sociale, au profit d’une cohérence financière internationale, totalement volatile, virtuelle, souvent irrationnelle, où les énormes plus-values ne se réinvestissent quasiment jamais là où elles ont été produites. Un système qui n’a pas pour objectif de combattre la pauvreté, mais qui la déplace aux grè et à la vitesse des flux de capitaux. Un système capable de déplacer les bidonvilles d’un endroit à l’autre de la planète, de les multiplier, mais évidemment pas de les résorber.

Pour Wilhelm Reich, les névroses, la misère sexuelle, le mal de vivre, sont le produit d’une société détestable. Pour Roger Gentis, être psychiatre ou analyste, c’est travailler à changer la société.

Les révolutionnaires, les révoltés, les anarchistes, les terroristes, tuent.

Les embourgeoisés, les mal dans leur peau, les paumés du petit matin se droguent.

L’histoire ne présente pas de troisième voie.

* Pour Jacques Blamont, membre de l’Académie des Sciences, professeur émérite à Paris VI, l’un des pères de l’aventure spatiale française, le « Développement durable » c’est à dire une amélioration du sort des pauvres (il y en a deux milliards), qui respecterait les équilibres de la biosphère, ne dispose ni des ressources naturelles ni des ressources financières qui le rendrait possible.

Le monde actuel n’est pas fait pour l’homme.

La dépression n’est pas une maladie comme voudraient nous le faire croire ceux qui sont chargés de ramener les veaux dans le corral. À partir d’une rupture dans le traintrain quotidien, d’un choc existentiel, certes, c’est la peur du vide. Mais c’est aussi une occasion fantastique à saisir pour changer de voie. La dépression est définie comme une incapacité à prendre une décision, à s’engager dans une action. C’est une absence de motivation, une dégradation d’humeur et d’élan vital qui vont de pair avec un sentiment de culpabilité alimenté par l’entourage social. Le dépressif a honte de sa dépression. Il faut retourner la culpabilité à l’envoyeur. C’est une chance inespérée de s’apercevoir enfin  de l’immense gâchis de  sa vie, d’essayer de comprendre tout ce qui nous a fait prendre des vessies pour des lanternes durant tant d’années. C’est l’occasion de tirer un trait sur tout ce qu’on a cru adorer et se mettre à l’écoute de sa nature profonde, de son univers intérieur tout en restant sourd aux chants des sirènes extérieures. N’écouter ni le psy ni le médecin, qui à coup d’antidépresseurs qui détruisent le corps, n’ont comme objectif que de vous faire rejoindre le troupeau social.

Il faut s’éloigner de nos attaches, de nos adhésions, de nos croyances. Il faut se retirer dans un coin du monde différent de  l’environnement habituel, là où les relations avec les choses et les autres n’ont pas encore été faussées. Pour regarder, sentir et écouter la nature, les hommes, les femmes et les enfants qui malgré ou grâce à la pauvreté, ont encore le regard clair.

Et éventuellement revenir ensuite chez soi, mais avec une autre vision du monde, une autre mentalité. On a sans doute tout perdu, mais gagné la paix intérieure.

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La décroissance
  • Info contre intox. L’économie mondiale court après la « croissance » pour résoudre ses multiples problèmes et n’arrive qu’à détruire et polluer la planète. Les économistes qui prêchent la « décroissance », sont boycottés par les médias.
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