Le pétrole pas encore assez cher!

L'homme est tellement insensé, la recherche du profit le rend tellement aveugle et sourd, que si les ressources pétrolières étaient intarissables, l'espèce humaine serait certaine de disparaître sous l'effet du réchauffement climatique. Quelques articles de la presse quotidienne pour s'en persuader:

« Heureusement que le pétrole devient rare et cher »

Pierre Lafitte, scientifique et sénateur, fondateur de Sophia-Antipolis. Le Figaro du 7/9/05.

Le changement de climat consécutif à l’utilisation massive des combustibles fossiles est La menace, pas la rareté du pétrole.

Dans moins de vingt ans, ouragans et typhons, canicules, feux de forêts et sècheresse suivies d’inondations ne pourront plus être considérées comme des catastrophes naturelles indemnisées par la puissance publique ou les assurances.

Un plan climat vise à diviser par quatre, la consommation d’énergie en France d’ici 2020. (Qui s’en est aperçu ?)

Yves Cochet (député Vert), Le Figaro 26/9/05.

Aujourd’hui, [deux] tendances lourdes affectent le marché mondial du pétrole jusqu’à signifier la fin de la civilisation industrielle.

Une tendance géologique d’abord, avec le déclin imminent de la production mondiale de brut.

Une tendance économique avec l’excès de la demande par rapport à l’offre (demande exponentielle de la Chine et de l’Inde).

Une conséquence géopolitique enfin, avec l’accroissement des tensions, du terrorisme et des guerres pour l’accès aux derniers gisements.

26 dollars en 2002, 31 en 2003, 41 en 2004 et 60 en 2005, la double cause de cette hausse n’étant pas près de s’évanouir, il n’y a aucune raison d’espérer une baisse prochaine. Une hausse dévastatrice dans tous les domaines, et jusque dans la vie quotidienne de chacun d’entre nous.

La philosophie actuelle des transports dans les pays riches peut-être résumée par le slogan : plus vite, plus loin, plus souvent et moins cher… Bientôt ce slogan qui nous satisfait tant se retournera en son contraire : moins vite, moins loin, moins souvent, et plus cher.

Le renchérissement de du prix du pétrole va démondialiser la mondialisation.

Le changement des mentalités ne pouvant se faire de gré, il se fera de force, parce que tout ce que nous consommons contient du pétrole. Une calorie alimentaire dans notre assiette réclame treize calories énergétiques pour y parvenir, dont la moitié sont issues du pétrole ? Il faut sept litres de pétrole pour apporter un kilogramme de bifteck sur notre table. Demain les produits de ka cuisine familiale seront plus locaux, plus saisonnier, plus végétaux.

L’inflation du prix du pétrole, se propagera à toutes les autres formes d’énergie primaire, puis aux transports et à l’alimentation, enfin à tous les secteurs de l’économie jusqu’à la récession.

La « pénurie » de pétrole sera la cause de la décroissance économique générale. La seule politique qui puisse sauver la paix, la démocratie et la solidarité est la sobriété.

Mais notre addiction au pétrole est si forte que je ne croit pas que le sevrage soit possible, sans compter qu’une profonde désintoxication prend du temps (Annaba).

Michel Serres, La fin du pétrole n’est pas l’apocalypse (Le figaro du 26/9/05).

Le Développement Durable et les faits : Comment se fait-il qu’on caresse le projet d’un immense aéroport français ou d’un programme d’autoroutes ambitieux, quand on devine les difficultés que vont entraîner des défis aussi différents que la « pénurie » de pétrole, l’avenir du système de santé, les bouleversements dans l’éducation et la recherche ?

Les énergies de substitution : des énergies qui réclament l’énergie pétrolière pour être exploitées ! Les énergies issues des plantes ne peuvent donc constituer des énergies de remplacement. Donc une restructuration fondamentale de l’agriculture est nécessaire. Il faudrait sept millions d’agriculteurs en France pour compenser l’équivalent pétrole des labours, ensemencement et récolte. Pour remplacer tous les véhicules qui marchent au pétrole par des véhicules électriques, il faudrait doubler ou tripler le nombre des centrales nucléaires ! Quant aux avions, ce n’est pas l’électricité qui va les faire décoller !

Enfin, le moteur à eau, moteur à hydrogène ou pile combustible, il permet surtout aux politiques de continuer à nous faire prendre des vessies pour des lanternes, en reportant les problèmes sur la génération suivante. Le moteur à hydrogène pour l’instant, consomme plus d’énergie qu’il n’en produit.

Autre mensonge : on nous dit qu’il ne pollue pas. L’énergie qui permet de produire de l’hydrogène pollue. Mais surtout toute production de chaleur, réchauffe la planète et fait fondre également les glaces des pôles, voir plus haut Hans Jonas.

Bernard Nadoulek, auteur de L’épopée des civilisation (Le Figaro du 26/09/05).

Les guerres ne se font jamais pour des motifs identitaires, les affrontement ethniques ou religieux masquent toujours des enjeux beaucoup plus concrets. [Les guerres actuelles dissimulent à peine] un affrontement stratégique autrement grave  et plus durable autour des réserves de pétrole, dont l’épuisement est annoncé d’ici [vingt] à quarante ans. [ La Chine, pour continuer l’accroissement de son niveau de vie jusqu’à atteindre celui des pays occidentaux], devrait consommer pratiquement la totalité des ressources mondiales pendant les vingt prochaines années ! Le même problème se profile pour les Indiens, les Africains, les Latino-Américains.

[Dans cette guerre économique], nous sommes en train de nous suicider consciencieusement en redoublant de productivité et de compétitivité dans la concurrence des égoïsmes nationaux.

[Face à l’écosystème planétaire que nous sommes en train de saborder, il n’y a qu’indécision des gouvernements, apathie de la bureaucratie et silence des médias ; or il n’y a plus qu’une alternative : vivre ensemble ou mourir ensemble.

Parmi les exemples du non sens du Développement Durable :

Les bonnes intentions du Développement durable : le rail-route tombe à l’eau (Aujourd’hui en France du 22 septembre 2005).

« Entrée en service en décembre 2002… la plate-forme bimodale de Gecrey-Chambertin (Bourgogne), a vécu. Elle a très officiellement mis fin à ses activités hier matin. Dédiée au fret, elle avait mobilisé plus de 20 millions d’euros d’investissement, y compris pour ses équipements en matériel. Directement raccordées à l’autoroute A 31, elle avait été présentée comme un maillon fort de la reconquête de la SNCF pour le fret, avec un objectif annoncé de 40.000 conteneurs et même, plus tard, de 80.000… Malheureusement ils ne se sont jamais empilés. Pis, dès les premiers mois, les transporteurs avaient pointé de graves dysfonctionnements avec des temps d’attente exceptionnellement longs, imputés à la Compagnie nationale des conteneurs, filiale bien malade de la SNCF.