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La décroissance
10 mars 2006

Poèmes d'Annaba

Extraits de "Bienheureux les stériles"

                                      III

Que m’importent

Vos laideurs

Vos malheurs 

Vos douleurs

Vos langueurs

Vos humeurs 

Vos terreurs ?

Que m’importent

Les malfaiteurs

Les corrupteurs

Les imposteurs

Les abuseurs

Les saboteurs

Les menteurs

Les voleurs…

Et autres tricheurs

Qui vous leurrent ?

Que m’importent

Les benêts et les naïfs ?

Importunez vos géniteurs

                       Et foutez-moi la paix !

                                                IV                                       

Tous ces pseudos-penseurs souriants, rassurants,

Qui ne parlent que d’humanité et de citoyenneté,

De pseudos-valeurs disparues dans le maelström

De la dictature mondiale de la Marchandise.

Des valeurs qui n’ont d’ailleurs habité que leurs rêves

Et jamais le mental brumeux de l’homo opprimens !

C'est ainsi qu'on va à l'abattoir la tête basse,

Les poings liés derrière le dos, sans réagir

Et en pleurant sur l'incompréhension du monde.

                                                      V

Je ne suis pas de votre monde.

Votre monde où le pouvoir que vous vous êtes octroyé

pour imposer le travail à l’humanité entière

me fait peur.

Les bonobos sont mes seuls frères.

Leur esprit est libre.

La plus grande erreur de l'humanité

C'est d'avoir inventé le travail.

Les bonobos ne besognent pas

et ils n'ont aucune crainte de l'ennui.

L'homme est tellement conditionné à s'occuper sans cesse,

que rien que l'idée de ne rien faire

l'angoisse… à mourir !

Comment un Dieu intelligent aurait-il pu créer

un homme aussi stupide ?

Le créateur du bonobo était sans doute un gentleman,

alors que l'homme est issu des pensées brumeuses

d’un Dieu péquenot, aviné et syphilitique.

                              VI

Je vomis des vipères évidemment lubriques

Sur les têtes rasées

de vos progénitures obèses et adipeuses

Afin qu’elles leurs inoculent un venin hallucinogène

et asphyxient ainsi définitivement vos avenirs incertains.

C’est pour me venger des couleuvres visqueuses

             Que vous m’avez faites avaler démocratiquement de force.

       

                                                VII

Creusées par l'étrave du bateau,

Les vagues s'enroulent sur elles-mêmes

En laissant derrière elles

Une traîne de dentelle d'écume.

Combien de mondes inconnus,

Combien de fantastiques abysses

Cache cette immuable immensité bleu marine ?

L'océan pourrait engloutir l'humanité entière,

Ses pompes et ses œuvres,

Ses crimes et ses ignominies,

Ça ne le perturberait pas plus

Que la fonte d'un iceberg.

Et après tous les rugissements,

Les vociférations, les cris, les pleurs

Et les vaines prières,

      Quel calme enfin, sur terre et sur mer.

                                  VIII

Ils sont déjà dans le troisième millénaire

Et ils croient encore que le soleil

Tourne autour de la terre.

Ils croient encore que les astres

ont été créés pour leur dérisoires destinées !

La race humaine est la vermine

La plus stupide et la plus nuisible

De cette terre perdue dans le cosmos,

Mais elle se prend encore pour le Peuple Élu.

Les hommes croient encore que le regard de Dieu

Les suit jusque dans leurs chiottes

Quand ils vont y déposer leurs crottes nauséabondes !

                                 IX

La Nature ne m’a pas particulièrement gâtée,

elle ne m’a pas fait de cadeau.

Je ne vois pas pourquoi je lui offrirais

sur l’autel de la vie et de la mort,

ma progéniture,

afin qu’Elle continue son œuvre inutile et perverse.

La Nature est un vampire

qui se nourrit de chaque naissance.

                               X

Je suis un ardent partisan de la théorie des cycles.

En effet à l’origine il y avait les brutes,

puis les faux culs prirent le dessus.

De temps en temps les brutes reviennent,

puis les faux culs.

                                 XI

Sur la route la nuit

A fond sur un scooter sans lumière

Deux jeunes sans casque.

Un jeu fréquent.

Des fois ils se tuent.

Quelques cons de moins.

Un jeu de hasard.

On y gagne l’oubli de l’ennui.

On y gagne la mort.

Pour l’automobiliste qui ne les a pas vus…

Et qui les percute en pleine vitesse…

C’est la loterie.

S’il a un soupçon d’alcool de trop

C’en est fait de lui.

Il est le seul coupable et le seul perdant

De ce jeu auquel il n’avait pas demandé à jouer.

Il avait oublié que tout automobiliste

A chaque instant sur la route,

Joue à la roulette russe.

Un jeu à se faire peur.

C’est le jeu de l’oie,

Où le naïf qui se prend

Pour un honnête citoyen…

Se retrouve  pigeon plumé,

Dindon de la farce  ou mouton tondu.

C’est la rançon du progrès,

La rançon de la liberté précaire

La rançon du n’importe quoi.

La rançon de la démagogie

Dans toute sa puissance,

Dans toute son incohérence.

                            XII

Tous les hommes sont laids

Toutes les femmes sont laides

Même les top models.

Surtout les top models.

Je les vois non comme elles veulent paraître

Mais comme elles sont : des artifices,

Des artéfacts, des faux-semblants, des subterfuges.

Des zombis masqués.

Et je vois surtout ce qu’elles représentent :

La servitude aux canons de la mode

La soumission à la Marchandise.

L’aliénation de la vie au labeur,

Quelle dérision !

Nous sommes tous des putes ;

Nous offrons des pans entier de notre vie

contre trois fois rien, de la pacotille,

des babioles, des gadgets, de la verroterie,

Et pour quelques dollars de plus,

Nous écrasons nos frères.

Et demain et toujours,

Nous dénoncerons nos voisins

A la Kommandantur…

Rien que par bêtise et méchanceté.

                                  XIII

Entrer dans la vie,

c’est comme entrer dans un match de foot.

Il faut éviter les obstacles,

tromper l’adversaire, dribbler.

Pour toujours faire pénétrer le ballon dans les buts.

Toujours pénétrer le sexe féminin, c’est l’éternel enjeu.

Loin des hooligans de la vie,

Loin du bruit et de la fureur,

On peut rester sur la touche

et regarder à l’intérieur de soi,

là où règnent le silence et la paix.

                         XIV 

Si j’étais un humaniste

je mettrais une balle dans la tête

de tous les enfoirés

qui font du mal aux innocents.

Mais à part les nouveaux nés,

s’il y avait des innocents dans ce monde,

ça se saurait.

Si j’étais un humaniste,

je ferais sans doute comme Yahvé,

je lancerais le feu du ciel

sur nos cités qui n’ont rien à envier

à Sodome et Gomorrhe.

Mais surtout si j’étais un humaniste

je ne mettrais aucun enfant au monde

J’éviterai ainsi d’être inéluctablement amené

à tuer la vermine trompeuse

qui inévitablement,

se sera précipitée sur la chair de ma chair

pour l’abuser et la dévorer.

                               XV

Tous les pédophiles du marketing

jamais ne sont passés devant le juge.

Pourtant combien d’enfants furent abusés

par leur saloperie de pub.

Nous vivons dans une société

où les publicitaires,

prêtres lubriques

du Dieu Marchandise,

peuvent impunément

violer les consciences.

Mais une société est un vase,

où se décantent crimes et violence,

et un jour, sous la pression, il explose.

                        

                                  XVI

Si des miroirs nous renvoyaient notre image intérieure,

on les briserait tous,

et on ferait des lois pour en interdire la fabrication.

                                                    XVII

Pourquoi parlais-je ?

Pourquoi pensais-je ?

Pourquoi ruminais-je toutes ces idées folâtres,

qui tels des papillons,

butinent de mémoire en mémoire ?

Pourquoi ces dérivations, ces divagations,

alors que le ciel attend patiemment

notre communion ?

Que je me fonde dans le Tout.

Vous vous gaussez bien sûr

d’une telle spiritualité de bazar.

Mais qui rira le dernier ?

Quand de l’intérieur du Tout

je vois les hommes escalader,

glisser et retomber sans cesse,

tel Sisyphe,

la montagne d’excréments 

qu’ils défèquent depuis qu’ils se croient intelligents.

Vos œuvres ne sont que déjections,

Aussi monumentales

que le profond mépris d’humanophobe

où j’engloutis votre humanité grouillante malfaisante,

calculante et frénétiquement consommante.

Je n’aurais même pas à cracher sur vos tombes,

elles ont déjà disparu sous la marée noire incessante

de vos dysenteries industrielles.

Mais il est vain de maudire

les esclaves du Tyran Marchandise,

puisqu’ils s’autodétruisent,

par leur propre propagation.

C’est la revanche de Lucifer

Que Dieu ne voulu pas entendre.

C’est qu’en effet, aveuglé

par son incommensurable orgueil,

assourdi par les fanfares des archanges courtisans,

enivré par Bacchus,

Yahvé a roté l’homme

au bout d’une semaine de beuverie.

                                 

XVIII

Je ne mourrai que lorsque j’aurai terminé mon œuvre.

Mais mon œuvre,

comme la connaissance… est infinie.

Je disparaîtrai donc avant la fin de ma mission.

Sans regret, puisque mon œuvre,

n’a pas plus d’importance que le vol du papillon

dans la destinée cosmique.

Epsilon de chez epsilon, mon œuvre est dérisoire ;

mais je dois l’accomplir jusqu’à mon dernier souffle,

sinon l’univers ne me le pardonnera pas.

Je dois donner cette graine d’hellébore à l’humanité,

afin qu’il ne lui manque rien pour nourrir la terre

qui n’a d’autre finalité que de nourrir le soleil.

Et ainsi de suite.

À ta santé Hélios !

Et nique ta mère !

                                XIX

"Tout n’est que fumée",

dit l’Ecclésiaste.

Aucun chemin ne mène à Rome ;

heureusement ; nous n’avons rien à foutre à Rome,

ni nulle par ailleurs.

Tous les chemins mènent à une impasse.

Notre destin n’est que la voie

que nous choisissons d’emprunter.

La recherche du spirituel,

ou la recherche du plaisir sexuel ;

sont vaines l’une et l’autre.

Chacune comporte ses joies impermanentes

et ses peines inéluctables.

Le seul chemin absurde,

C’est celui choisi par la masse,

le chemin battu et rebattu,

la voie de la perpétuation de l’espèce,

le choix de la servitude,

la soumission au tyran Travail-Consommation.

L’enfermement dans la pire des impasses

au seuil de laquelle on ne peut même plus dire

dans un dernier souffle : " Au moins ai-je bien vécu ! "

Mais avec dépit et regrets : " C’est donc pour ça

    que je me suis saigné aux quatre veines ? "

                                                                         XX

2006, une année anniversaire.

Il y a cent ans le terrible et irrémédiable mal,

Est percé à jour par Aloïs Alzheimer.

Rappelez-vous bien de son prénom

et de l’orthographe de son nom.

Ce sera le signe que votre mémoire est bonne.

Malheureusement.

Parce que grâce à cette maladie on oublie tout.

On oublie les méchancetés que nous avons subies.

On oublie nos faiblesses

que nous n’avons pas eu le courage de combattre.

On oublie toutes ces occasions manquées.

On oublie les regrets, les remords.

On oublie ces joies qui n’ont pu durer toujours.

On oublie le mal qu’on a fait

Et le bien qu’on aurait pu faire.

Enfin sorti du maelström des souvenirs inutiles,

on baigne enfin dans la douce quiétude.

On oublie le clair sourire d’un enfant

et la sombre misère du monde qui l’attend.

On oublie la vie, on oublie la mort,

                et ainsi elles ne font plus peur.

"Bienheureux les stériles" sur http://philippe.annaba.free.fr

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