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La décroissance
16 mars 2006

La Décroissance: qu'est-ce?

Nous sommes les damnés d'une terre délibérément saccagée et défigurée à coup de   tractations perfides, sur l'autel du profit.

Face à l’évidence du délabrement de la terre : épuisement des ressources, déforestation, empoisonnement des nappes phréatiques et autres catastrophes provoquées par l’incurie des hommes, les maîtres de la pensée correcte proposent mille mesures de replâtrage et… « Un accroissement énorme de l’aide aux pays pauvres pour diminuer l’écart toujours croissant entre les plus démunis et les plus nantis »  Hubert Reeves

Mais le problème n’est pas là où Hubert Reeves le voit. Le problème c’est que la croissance économique poursuivie avec acharnement par tous les pays, risque d’entraîner des catastrophes écologiques irréversibles. Si le quart de la population mondiale qui dispose d’un bon niveau de revenu a réussi en peu de temps à épuiser la terre, que deviendra celle-ci sous le joug de dix milliards de prédateurs ? En effet 20% de la population consommant 80% des ressources naturelles de la  planète, que deviendra celle-ci lorsque la Chine, l’Inde, l’Afrique et d’autres pays aujourd’hui pauvres, auront accédé au même niveau aberrant de consommation ?

Et pourtant ces pays ont quand même bien le droit d’accéder à un développement décent. Il faut donc dès maintenant que les nantis, acceptent des restrictions drastiques afin qu’ils fassent la moitié du chemin vers… la pauvreté.

« Il y a suffisamment dans la nature pour les besoins de chacun mais pas pour la cupidité de tous. »

« Vivre simplement pour que d’autres, simplement, puissent vivre . »   Mahatma Gandhi (1869-1948)

Des nantis moins obèses et moins pollueurs dans une société tendant vers la croissance zéro. C’est ce que proposaient en 1972 les sages du Club de Rome, traités de fous à l’époque.

Mais aujourd’hui il est bien tard et pour certains c'est même dans la décroissance qu'il faut s'engager.

" Celui qui croit qu'une croissance exponentielle peut continuer indéfiniment dans un monde fini est un fou, ou un économiste ".

  Kenneth Boulding, cité dans Objectif décroissance, éditions Parangon

Tous les hommes de pouvoir affirment comme si c’était une évidence, que seule la croissance peut résoudre les problèmes que le productivisme a lui même engendrés : inégalité, paupérisation et pollution. Un système qui concentre les profits d’un côté, le chômage et la misère de l’autre. Un système qui a créé une structure sociale d’où personne ne peut s’échapper, où chacun se trouve enfermé… Par exemple chacun sait qu’il est urgent de ralentir la production de CO² pour ne pas augmenter l’effet de serre, mais il est impossible aux automobilistes de se passer de leur voiture puisque tout a été fait depuis cinquante ans pour mettre les logements loin des lieux de travail et des centres commerciaux…

Vivre sans voiture devient impossible. Tous ceux qui ne peuvent plus conduire, comme les personnes âgées, ceux à qui on a enlevé le permis pour quelques peccadilles ou ceux qui ne l’ont pas encore, sont relégués dans le camp des exclus.

Pour que notre espèce parmi bien d’autres, puisse survive il faudrait arrêter instantanément toute production qui pollue. Par exemple il faudrait limiter du jour au lendemain la fabrication de tout moyen de transport qui rejette du CO², aux services publics incontournables (ambulances, pompiers, police, transports en commun). Aucun gouvernement n'est capable d'imposer une telle mesure de sagesse, qui d'ailleurs serait réduite à néant si les gouvernements des autres pays ne faisaient pas de même. Une mesure de sagesse qui engendrerait aussitôt des centaines de millions de chômeurs dans le monde et donc des émeutes surtout dans les pays industrialisés.

Il faudrait également arrêter de fabriquer tous ces gadgets et autres objets inutiles avec leurs emballages qui nous submergent. Mais qui en dresserait la liste, et sur quel critères ? Ceux qui en tirent de très juteux profits se soucient peu du sort de l'humanité et ils emploieraient évidemment leur immense pouvoir sur les médias pour qu'une telle révolution n'ait pas lieu.  Il n'est donc pas besoin d'être devin pour prévoir que rien ne peu plus arrêter la Tyrannique Machine Marchandise et que même la conscience nette du mur vers lequel on va s'écraser ne peut nous faire lever le pied.

A droite comme à gauche c’est la même idéologie de l’espoir qui permet surtout d’attendre demain pour s’attaquer aux problèmes, jusqu’à ce qu’on en crève tous. Comme dit l’autre, le sage pense à la prochaine génération, l’homme politique, à la prochaine élection…

Plutôt que de continuer à épuiser la terre, à s’accaparer des maigres ressources qu’elle contient encore, c’est dès aujourd’hui qu’il faut s’abstenir de jeter ce qui est encore utilisable, et bien sûr, recycler sans exception, tous les produits récupérables que nous jetons. Quitte à ce que les nouvelles marchandises se paient plus chers. Mais aucun pouvoir politique n’est capable d’imposer un tel changement dans les mentalités des pays riches. L’incitation à l’individualisme des consommateurs a été telle, qu’il est impossible d’attendre quoi que ce soit de leur sens des responsabilités, depuis longtemps perdu. C’est une véritable guerre économique qu’il faudrait livrer. Malheureusement seul un dictateur appuyé par l’armée pourrait l’entreprendre, mais évidemment avec tous les abus de pouvoir qui en découleraient.

Le refus de la décroissance ne peut amener à plus ou moins brève échéance que l’avènement de la barbarie… 

Pourtant Hans Jonas (1903-1993) dès 1979 nous avait aussi prévenu dans Le principe responsabilité.

Il y rappelle d’abord que dans la nature, la mortalité n’était que l’envers de la natalité. Pour que la nature puisse recommencer  perpétuellement, bénéficier d’une possibilité d’évolution et conserver la spontanéité de la vie, elle doit mettre le plus d’atouts de son coté.

Or depuis la dernière guerre, après la première étape de l’invention de la pénicilline qui a éradiqué en grande partie la mortalité infantile, le développement des sciences et des techniques ont pour la première fois dans l’histoire, fait reculer la fin de la vie. Les hommes mettent dans la science l’espoir de vivre le plus longtemps possible et elle répond à leur vœu.  Il est pourtant clair « qu’à l’échelle démographique le prix pour une extension de l’âge est un ralentissement proportionnel de la relève, autrement dit un apport moindre de vie nouvelle. Le résultat serait une proportion décroissante de jeunes dans une population de plus en plus âgée… Et dans quelle mesure aurait-on droit ou tort de barrer la place des jeunes en occupant les postes ?.. Allons jusqu’au bout : en éliminant la mort, nous devons également éliminer la procréation car cette dernière est la réponse de la vie à [la mort]… » ( page 49 )

Que serait une société ainsi figée, sans renouveau, privée de sang neuf ?

« Ainsi il se pourrait que ce qui dans son intention est un cadeau philanthropique que la science fait à l’homme, la réalisation d’un désir nourri depuis des temps immémoriaux (échapper à la malédiction de la mortalité), tourne au désavantage de l’homme. »   (page 50)

« Rien n’est jamais gratuit sans conséquences »  Confucius

Cela soulève des questions qui jamais encore ne s’étaient posées et qui se révèlent aujourd’hui incontournables, la planète ne pouvant supporter un accroissement infini de la population humaine. Pourtant aucun gouvernement ne soulève ces questions pour la simple raison, que malheureusement il n’y a pas de réponses au regard de l’éthique traditionnelle, de la morale laïque universelle, héritée d’ailleurs des religions.

Le développement économique et l’accroissement du niveau de vie font que les individus deviennent de plus en plus exigeants. C’est ainsi qu’en France,  l’artisanat manque d’ouvriers boulangers, de maçons, de carreleurs etc. Même le métier de médecin de campagne n’attire plus les jeunes. Les chirurgiens gagnent bien leur vie, mais les contraintes rebutent les étudiants. En revanche cette modification des mentalités va de pair  avec l’attrait des pays industriels pour les populations moins favorisées. Il est évidemment logique que les super-procréateurs des pays pauvres expédient leur trop plein de rejetons vers les pays  riches qui pour leur confort, décident de limiter leurs naissances. Il faut donc s’attendre inéluctablement à une immigration répondant à cette demande. L’inéluctable conséquence, c’est que peu à peu ces nouveaux travailleurs qui ne sont pas conditionnés par le judéo-christianisme à la "Charity-Business", supporteront de moins en moins de financer le fonds social qui permet à tous ceux qui  refusent de travailler, de profiter de la Solidarité Nationale. Les gouvernements des pays développés et à faible natalité, savent très bien, sans l’avouer, que l’immigration est incontournable alors même que ses conséquences sur la cohésion sociale, sont imprévisibles.

C’est la première fois  que l’homme dans son histoire a un rôle démiurgique. Il dispose de sciences et de techniques qui lui confèrent un pouvoir surhumain, qu’il n’est pas en mesure de contrôler, de maîtriser. Élaborer une nouvelle éthique adaptée à ces nouvelles questions prendrait du temps et encore plus de temps pour s’imposer à tous. Il est donc déjà trop tard. Nous seront encore plus demain qu’aujourd’hui, victimes de nos inventions et de la surpopulation. Il aurait fallu réviser les fondement de l’éthique il y a cinquante ans ; il est trop tard pour réguler une démographie qui pèse sur le propre bien-être des hommes. Seuls les cataclysmes naturels, les guerres, les épidémies provoqueront comme à l’accoutumé, le retour à l’équilibre. 

D’autre part, la mondialisation dans la croissance va renverser le dualisme. Il n’y aura plus de Nord riche et de Sud pauvre, mais des pauvres partout du Nord au Sud, avec des îlots de riches répartis sur toute la planète. Ils édifieront de nouveaux châteaux forts super sophistiqués  avec vigiles, barbelés, murs de la honte et miradors. Tout autour de ces zones aussi privilégiées que protégées, d’immenses espaces de bidonvilles.

« La mondialisation c’est la bidonvillisation de l’Europe ».

       

Des terres de non droit où certains auront eu la bonne idée de s’entendre et de se regrouper en communauté de défense, de survie et de résistance.

« Il y a des gens qui pensent que l’humanité à venir vivra étendue sur des sofas en écoutant du Mozart. Pas moi. Les instincts pervers dominent des groupes de plus en plus nombreux. On va retourner au système des cités moyenâgeuses, par communautés de pensée, de richesse, de croyances, etc., à des pseudo-villes, entourées de hauts murs, avec des milices. On en voit déjà se dessiner aux Etats-Unis… » Martin Monestier cité par Le Monde du 7 décembre 2002.

Le danger qui se cache derrière la mondialisation, c’est l’avènement non pas de l’Economie-Monde, comme les professeurs de l’Université l’apprennent à des étudiants de plus en plus béats, mais de l’Economie-Finance ou Economie-Banque. Après avoir épuisé les ressources de la planète et exploité des millions de travailleurs, le capital, certes harcelé par les revendications ouvrières, a déserté le secteur de la production, pour le secteur totalement artificiel de la finance. La mondialisation du commerce a toujours existé. Elle est quasiment "naturelle" chez l’homo sapiens sapiens qui peut faire des milliers de kilomètres pour échanger ce qu’il produit contre d’autres biens. Mais la mondialisation de la Finance, n’implique aucune relation humaine. Elle est inhumaine, parce que c’est la logique de l’instrument d’échange lui-même, l’Argent, le Fric pour parler vulgairement de ce qui est vulgaire, qui décide ce qui est Bon pour Lui, et seulement pour Lui.

« L’argent travaille cybernétiquement. Les propriétaires d’actions et de capitaux achètent et revendent usines et entreprises qu’ils envoient à la casse sur un coup de fil afin de hausser le prix de ce qu’ils raréfient ».

« [La bureaucratie financière], adopte envers le monde, la sagesse pratique du promoteur immobilier, qui gagne davantage à abandonner jusqu’au délabrement une maison de rapport dont l’espace vide a un prix sur le marché, alors que les loyers de locataires vivants et remuants demeurent inférieurs à la valeur spéculative du bâtiment, réalisable à tout instant ».  Raoul Vaneigem, Nous qui désirons sans fin.

Il n’y a donc pas d’alternative à un tel système ; l’alter mondialisation est un leurre, une impasse, parce que le Pouvoir de la Finance ne se partage pas, ne se négocie pas, ne craint rien des soubresauts locaux, des révoltes catégorielles et même des révolutions, puisque c’est un pouvoir essentiellement virtuel, insaisissable, volatil, in-existant, malgré une mainmise de plomb sur l’individu. Il faut donc soit attendre que cette bulle financière éclate d’elle-même, soit l’abattre.

Tous les bien-pensants qui s’offusquent et poussent des cris d’orfraie au seul nom d’eugénisme, se rendent-ils compte que la mondialisation est un instrument de sélection artificielle par le fric et la violence ? 

Extrait de "Bienheureux les stériles" sur http://philippe.annaba.free.fr

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  • Info contre intox. L’économie mondiale court après la « croissance » pour résoudre ses multiples problèmes et n’arrive qu’à détruire et polluer la planète. Les économistes qui prêchent la « décroissance », sont boycottés par les médias.
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