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La décroissance
21 décembre 2007

Journalistes à la solde de la mondialisation

« Et c’est bien pour tout le monde ! » :

Ainsi se termine le reportage de « Thalasa » ce 21/12/2007, sur le trafic de voitures entre la Corée du Sud et l’Europe, en passant par la Turquie. Parce que la Turquie bénéficie (comment ?) du privilège d’être exemptée de droits de douane pour vendre en Europe, la Corée fabrique des voitures, livrées en kit en Turquie, puis vendues moins cher en Europe. Comment des journalistes qui sont censés avoir fait des études (on espère) peuvent énoncer devant des millions de téléspectateurs, de si énormes bêtises. Cet encensement de la mondialisation occulte l’évidence de la mise à sac des économies de l’Europe des quinze, noyautée depuis plus de vingt ans par les lobbies des multinationales, dont les ficelles sont tirées par la Finance Internationale. Rappel de quelques pages de « Bienheureux les enfants de la Mère » :

            La mondialisation c’est la bidonvillisation du monde.

    Rappelons que les élus du peuple français, après la Seconde Guerre mondiale, ont mis en place un système de caisses d’assurances-maladie, chômage et retraite, unique au monde. Répétons, puisqu’il semble que ce n’est pas évident,  que ces caisses ne sont pas alimentées par la manne céleste, mais par les cotisations des salariés. Plus les habitants de ce pays, sous le prétexte de leurs bas prix, achètent des produits d’importation, plus les usines locales ferment, moins de cotisations sont versées et plus de prestations doivent être payées. C’est évidemment un système absurde qui ne peut mener qu’à la guerre civile. Certes la solution n’est pas aujourd’hui dans un protectionnisme rigide ; mais de tout temps en économie, les échanges ont relevé d’une concertation entre des pays qui avaient intérêt à ces échanges. Le « n’importe quoi » de la dictature financière d’aujourd’hui n’a jamais existé auparavant. La tâche de l’Europe était justement de négocier des contrats entre ses pays membres et le reste du monde. Les USA prêchent l’ultra libéralisme, mais c’est un des pays qui défend le mieux et qui subventionne le plus ses propres entreprises. La France en revanche est un pays atteint de schizophrénie puisqu’elle n’a pas conscience que sa force vitale est balayée par les délocalisations, alors qu’elle passe son temps dans la rue à vouloir défendre ses acquis sociaux, qu’en tant que consommateur, elle s’est empressée pourtant de brader.

    Le Préambule de la Constitution de 1946, repris par celle de la Ve  République, précise que « chacun a le devoir de travailler et le droit d’obtenir un emploi ». Ce qui est écrit dans la Constitution, ce qui devrait faire force de loi, ce en quoi tous les Français croient, est en complète contradiction avec cette croyance, cette foi inébranlable dans l’ultralibéralisme, dans la mondialisation moderne, c’est à dire dans le dieu Finance. Le pays est donc en pleine névrose. Aucun gouvernement ne s’est opposé réellement au transfert des emplois dans des pays lointains où les salaires sont bas et les entreprises non soumises aux charges sociales. Ainsi, pour obéir à une idée au demeurant absurde, la base même de ce qui permettait la réalisation du principe constitutionnel est sapée irrémédiablement.

    Pour un pays comme la France il n’y aurait rien d’immoral à établir une écolo-taxe (taxe carbone) et une socio-taxe, afin de pénaliser les pays qui fabriquent des produits qui nous inondent (plus de 80% des jouets achetés en France sont fabriqués en Chine) alors qu’ils ne respectent, lors de leur fabrication, ni l’environnement, ni des conditions de travail et de salaires décentes.

    Ces taxes pourraient au moins, alimenter les caisses sociales vidées par le chômage. Sans compter que certaines entreprises qui se sont délocalisées pour quelques dollars de plus, ne  tarderaient pas à revenir. D’une façon plus générale, la taxation des énergies rares et polluantes doit remplacer progressivement la taxe sur le travail. Mais bien sûr, l’OMC, l’Organisation mondiale du commerce, condamnerait la France. Et qu’est-ce que l’OMC ? Un organisme dont le but est de faciliter le libre-échange dans le monde par la suppression de tous les obstacles possibles. C’est l’instrument de l’ultralibéralisme au plan planétaire. Un organisme manipulé par les lobbies financiers et les multinationales, c’est-à-dire par des gens très puissants, qui ne sont ni choisis ni élus par les populations qui subissent leurs dictats. « On reconnaît l’arbre à ses fruits », et justement, les pays du tiers-monde n’ont jamais réussi à faire supprimer par l’OMC, les subventions des pays riches à leur propre agriculture ! Cela n’empêche pas les adeptes de l’ultralibéralisme, donc de la globalisation, avec une hypocrisie d’une immense indécence, de voir dans les délocalisations, une chance donnée aux pays en voie de développement. Précisons également que l’Organe de Règlement des Différends de l’OMC, l’ORD, a pénalisé l’Union européenne pour avoir refusé d’importer du bœuf aux hormones des Etats-Unis !

    Le « Financisme, avatar du Capitalisme » est aux mains d’une super-élite, aux pouvoirs discrétionnaires, qui n’a, répétons-le inlassablement, été ni choisie ni élue et qui contrôle la technologie, l’énergie, la monnaie et l’information.

    La Finance mondiale fait son beurre des délocalisations qui rendent exsangues des pays comme la France. Alors, comment peut-on parler d’intégration des jeunes, des enfants d’immigrés ou d’étrangers, dans une société, elle-même totalement désintégrée, déstructurée par les délocalisations dues à la mondialisation, résultat du pouvoir absolu des banques internationales ?

    Les bons apôtres de l’ultralibéralisme, plutôt que de dire la vérité, montrent avec fierté, les quelques entreprises qui exportent. Des entreprises spécialisées dans la haute technologie, mais jusqu’à quand ? Selon la presse unanime, l'Airbus A380, est le plus grand avion civil jamais construit. Un avion géant à 850 sièges devant lequel  le monde entier est en extase. Seul le journal Casseurs de pub (La Décroissance), dit la vérité parmi le flot d'éloges et de congratulations. Dans dix ou quinze ans, le prix du pétrole sera si cher ( à la différence des carburants automobiles, le kérosène n’est pas taxé depuis la Convention de Chicago de 1949, dont l’objectif était de développer le transport aérien !), que la place sur cet A380 ne sera abordable que pour les très riches, donc il ne sera pas rentable, et son investissement une perte sèche pour les états qui l'ont financé, comme cela l'a été pour le Concorde, notre précédente grande fierté. L'A380 est prétendument moins gourmand que ses prédécesseurs, mais c’est encore un monstre polluant. Quelques milliers de ses semblables dans l'atmosphère de notre pauvre planète, et bonjour les dégâts dans la couche d'ozone.

    De toute façon, les entreprises de haute technologie ne résorbent pas le chômage puisqu’elles  emploient un petit nombre de personnels très qualifiés, alors que la masse des demandeurs d’emploi ne l’est pas. C’est cette masse de salariés sur le carreau qui ne paie pas de cotisations et qui reçoit des prestations. En fait, l’ultralibéralisme est antinomique avec l’intérêt général, et il ruine les pays qui écoutent son chant de sirène.

« Bienheureux les enfants de la Mère », éditions Les Presses du Midi, Toulon.

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  • Info contre intox. L’économie mondiale court après la « croissance » pour résoudre ses multiples problèmes et n’arrive qu’à détruire et polluer la planète. Les économistes qui prêchent la « décroissance », sont boycottés par les médias.
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