Proférations gnostiques 1
Voici l'un des textes de mon nouveau recueil de poésie libre qu'on peut écouter avec d'autres sur http://philippe.annaba.free.fr rubrique "Proférations"
La Nature, si belle, si parfaite,
si minutieusement réglée,
aussi admirable que haïssable,
ne connaît ni Bien ni Mal,
même si la vie ne s’y alimente que de la mort.
La première activité du vivant, la prédation,
est inéluctablement liée à la nutrition.
Son aboutissement c’est la pourriture, la défécation.
Et il faut une sacrée dose d'inconscience,
d’endoctrinement et de conditionnement,
pour ignorer que la Terre,
dans une chaîne infernale et sans fin,
grouille d'êtres qui s'entre-dévorent.
À l’intérieur de cet insondable bourbier,
l’homme n’est doté d’aucun statut privilégié;
la vermine le ronge aussi profondément
que n’importe quel animal,
et sa science est inopérante
contre la mort inéluctable.
L’Intelligence Universelle,
dans sa grande Cohérence,
a imaginé le parasite, le virus et le cancer,
ainsi que leurs rôles
dans l’équilibre des choses.
Quoique nous inventions
pour changer le cours de la Nature,
nous ne serons encore que ses jouets,
que quelques-uns de ses infinis
et microscopiques rouages,
perdus dans l’immensité cosmique
d’une fantastique mécanique,
inconnaissable, inconcevable,
dont on ne peut rien dire,
sans faire preuve de la plus abyssale stupidité,
incapables que nous sommes
de comprendre le Chaos,
de saisir par nos sens limités à dessein,
à la fois l’Un et le Tout,
seulement perceptibles dans l’illumination .
Malgré nos religions, nos idéologies, nos prétentions,
nous ne pouvons nous échapper de ce monde
qui nous semble se foutre du monde.
L’homme prétend aimer la vie mais il refuse
d’admettre la cruauté des lois du vivant.
Un aveuglement programmé
pour la seule survie de ses gènes.
Celui qui a pénétré les mystères de la Gnose,
sait que pour lui, il est déjà trop tard ;
que naître est irréversible,
et que ne pas naître,
est la meilleure destinée possible.
Aucun dogme, aucun système,
aucune science, aucun dieu,
n’est capable de transformer cette galère
en un paradis pour nos rejetons.
Notre enfer est une réalité
que n’importe qui pourrait décrire
dans les moindres détails
s’il avait des siècles devant lui.
Nos monumentales bibliothèques
ne représentent que le résumé succinct
de la misère humaine,
et de la vanité de l’existence.
Le paradis en revanche
n’est qu’un mot vide de sens.
Personne ne peut tenter de le décrire
sans paraître puéril.
Certains y voient un bordel divin
habité de top models soumis.
Quelle dérision !
Des rêveurs naïfs ont imaginé
dans leurs cerveaux de messianistes,
embrumés de vapeurs d’absinthe,
un monde sans exploitation de l'homme par l'homme.
C’est comme inventer une vie
affranchie de ses fonctions organiques.
En voulant réaliser cette utopie,
des sauveurs de l’humanité,
ont généré des calamités
dépassant toutes les tyrannies
de leurs prédécesseurs réunis.
Le monde des hommes ne présente
que des manifestations diaboliques,
en tous lieux et en tous temps.
Si la nature est cruelle,
si elle respire le meurtre,
si elle ne se repaît que de sang,
seul l’homme est capable
de l’immonde et de l’abjecte.
Seul l’homme peut enchaîner son enfant
à un métier à tisser ou le prostituer,
pour soi-disant survivre…
Il vaut mieux mourir de faim
que de mettre au monde l’innocence,
pour l’étouffer dans la souffrance.
Quelle Inexcusable Faute !
La pauvreté, est une circonstance aggravante
et les religions, ces charognards de la misère,
ne sont que les artisans de la mort.
Les humanitaristes ne seront crédibles,
que lorsqu’ils distribueront aux affamés,
autant de préservatifs et de contraceptifs,
que de sacs de riz !
ANNABA