Proférations V
Voici le 5è texte extrait de « Proférations gnostiques »
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Loin des clichés des bandes dessinées
et de la "guerre du feu",
où l’on voit les hommes
tirer les femmes par les cheveux
avant de les violer ;
il y a vingt mille ans et sans doute plus,
les hommes montraient au contraire,
une grande vénération pour les femmes.
Auréolées du mystère de l’enfantement,
seules, elles possédaient la connaissance
des plantes guérissantes et apaisantes.
Des femmes respectées pour leur capacité
à endurer la rudesse de l’existence,
tout en assumant l’élevage de leurs petits.
Si les mâles devaient souvent
faire preuve de grand courage,
l’héroïsme au quotidien,
était le lot de leurs compagnes.
Les femmes ne se sont jamais
emparées du pouvoir par la force,
comme les hommes, instaurant plus tard le patriarcat,
dans le seul but de satisfaire leurs fantasmes,
leur volonté de puissance,
leurs instincts de domination et de fornication.
Les femmes n’ont pas inventé la propriété privée,
ni la guerre pour s’accaparer les biens de la collectivité…
Les premières sociétés étaient dit-on redistributives,
et en ces temps lointains,
sans aucun doute,
le pouvoir était partagé équitablement
entre les hommes et les femmes.
Contestons l’assurance
de nos prétendus professeurs,
infatués de la supériorité de leur masculinité,
inconscients qu’ils sont même,
de leur asservissement
aux faux dieux de la Bible et de la mythologie.
Répétons inlassablement
que le grand équilibre
entre l’Homme et la Nature
fut rompu il y a dix mille ans,
avec l’avènement des guerriers mâles,
qui pour justifier leurs exactions,
ont inventé des dieux à leur image,
aussi cyniques et stupides qu’eux,
de Marduk à Yahvé.
Avec la démonisation des Grandes Mères,
avec l’asservissement de la femme,
et la filiation paternelle,
ce fut le commencement
d’une nouvelle histoire,
écrite en lettres de sang,
un enchaînement infernal
de violence et de misères.
Les valeurs féminines
de respect et de sacralisation
de la nature et de la vie,
ont été renversées, piétinées.
Les gardes-fous édifiés avec sagesse
pendant des millénaires ont été brisés.
Les mâles ont imposé partout l’obscurantisme,
avant de découvrir dans la science,
une nouvelle idéologie du Salut,
et un très efficace instrument de domination.
Comme l’énonçait François Rabelais :
« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme ».
Au sein de l’harmonie de la nature,
l’homme n’était pas destiné
à devenir ce démiurge,
incapable de maîtriser des forces qui le dépassent
et qu’il n’aurait jamais dû découvrir.
Aucun Messie ne viendra
racheter un tel péché originel :
le meurtre de l’Esprit de la Mère,
l’abolition du « Principe féminin »,
l’effacement du Yin
et la toute-puissance donnée au Yang,
pour asservir depuis des millénaires
toutes les mères de la Terre,
les seules, qui, de façon innée
savaient pourtant comment gérer
les petites communautés humaines,
hors de la démesure et de la prétention,
dans la vénération des sources, des rivières,
des plantes et des arbres.
En un mot, dans le respect de la vie.
Après ces millénaires de culture de mort,
d’esclavage, de sadisme, de violence,
et de démographie galopante,
les femmes sont-elles capables
de retrouver en elles, leur essence bafouée ?
Rien n’est moins sûr.
Acceptons au moins
de reconnaître enfin la principale cause
de notre fin annoncée ;
ou alors, crevons comme nous avons vécu,
c’est-à-dire dans l’inconscience,
dans l’arrogance et dans la prédation absolue,
comme les dinosaures,
puisque nous ne valons pas mieux.