Proférations XII
Voici un nouvel extrait de « Proférations gnostiques »
Pour en lire ou en écouter d’autres :
philippe.annaba.free.fr
Dix tonnes de merde et vingt tonnes d’urine
c’est ce que j’ai envoyé avec désinvolture,
en toute innocence et insouciance,
dans les égouts des grandes villes viles.
Et sans doute n’en ai-je pas fini pour autant.
Si j’étais resté chez le paysan, mon parent,
mes déjections auraient disparu dans la Terre-Mère.
Grâce à la Grande Magie de la Nature
elles se seraient fondues dans l’humus nourricier.
À défaut, mes diarrhées, mêlées à vos propres défécations,
ont donc suivi le béton suintant
d’une multitude de galeries
catacombesques et cloacales,
jusqu’à de vastes cathédrales excrémentielles
où elles sont prétendument épurées.
En fait elles y sont simplement décantées,
avant d’être envoyées à la rivière,
dont les eaux pompées, filtrées et chlorées,
seront dirigées, sans autre forme de procès,
par de fins tuyaux de cuivre
vers de clinquants mitigeurs,
pour finir dans vos carafes aseptisées.
Est-ce ma faute si je ne bois que du vin ?