"L'Insurrection qui vient"
À propos de « L’insurrection qui vient », aux Éditions La Fabrique, auteur : Comité invisible.
Je suis d’accord sur l’analyse que ce petit livre fait de la société actuelle, et certes le capitalisme, surtout depuis qu’il est plus financier qu’industriel, est la cause des malheurs du monde.
Mais par-delà le capitalisme, c’est l’homme qui est un prédateur invétéré ; c’est-à-dire l’être humain et en particulier le mâle humain, qui comme tout mâle dans la nature est mené par son instinct de domination et de conquête :
« La première mission des mâles n’est pas de se reproduire, mais de s’entre-tuer. Dans l’ensemble du monde vivant, leurs carnages préludent à l’amour. La femelle propage l’espèce ; le mâle, par sa mort, la sélectionne. La nature, qui en bénéficie, crée les mâles pour s’entre-détruire ; elle leur en donne le goût et la force de risquer. » René Quinton (1866-1925), Maximes.
Depuis la disparition de René Quinton, l’homme s’est doté d’énormes moyens techniques, scientifiques et psychologiques pour mieux asservir les autres.
L’ennemi n’est pas seulement ailleurs, il est aussi au plus profond de nous. L’homme, n’en déplaise aux philosophes des Lumières, ne naît pas bon et généreux, et la Divine Providence est un mythe pour cacher les tractations inavouables et combien juteuses des affairistes. La colonisation s’est faite sous le prétexte de l’humanisme : il fallait apporter la civilisation aux « sauvages » !
Cette révolte radicale, tous azimuts, le livre ne dit pas quel en est le but. L’insurrection pour quoi faire ? La Révolution française a déjà produit « La Terreur » ; pour que la bourgeoisie invente le capitalisme, que les nobles et l’Eglise refusaient, afin de préserver leurs privilèges obsolètes.
Des communes peuvent très bien s’organiser et s’imposer, sans qu’il soit nécessaire de tout casser et de tuer des gens qui n’ont rien fait d’autre que d’êtres passifs ou de faire un métier qu’ils n’ont peut-être pas choisi.
La critique des thèses des « objecteurs de croissance » est injuste, parce que déjà, la simplicité volontaire, le boycott de tout ce que produisent les multinationales est beaucoup plus efficace qu’une hypothétique insurrection. Certes les mensonges des médias et des politiques méritent des actions dures et violentes contre leurs mercenaires ; et ce sont des cibles bien plus responsables et coupables que les flics ou les commerçants qui reçoivent leurs cocktails molotov.
Enfin le langage employé est souvent abscons. Une suite de leitmotivs et de sentences péremptoires ne forme pas un raisonnement. C’est pourquoi je ne pense pas que le véritable auteur soit Julien Coupat.
ANNABA, auteur de "Bienheureux les enfants de la Mère"