Extrait de "Bienheureux les stériles" d'Annaba
Toutes les littératures et toutes les philosophies
ne sont que rodomontades ,
elles n’ont qu’un seul objectif, faire oublier aux benêts
la pertinence de la Gnose,
et l’évidence de la pensée des cathares
Que de vains efforts et de tortueux mensonges pour cacher
que la seule destinée de l'homme est la souffrance,
et qu’il porte en lui une inépuisable volonté de meurtre.
Il faut bien avouer que la Nature,
si belle, si parfaite, si minutieusement réglée,
nous parait aussi admirable que haïssable.
La vie ne s’y alimente que de la mort.
Et plus il y a de vie, plus il y a de mort.
La première activité du vivant, la nutrition,
est inéluctablement liée à la mort.
Son aboutissement c’est la pourriture ou la défécation.
Dans le théâtre permanent de la nature
règne le sadisme le plus sophistiqué.
La splendeur du monde, n’est qu’illusion,
et il faut une sacrée dose d'inconscience ou de stupidité,
pour ignorer que la terre grouille d'êtres qui s'entre-dévorent.
Le spectacle merveilleux de la vie,
révèle une mécanique aussi monstrueuse qu'irrémédiable.
L’homme prétend aimer la vie mais il refuse
d’admettre la cruauté des lois qui gèrent le monde vivant.
Ne pas naître pour celui qu’on aurait pu mettre au monde,
est la meilleure destinée possible.
Aucun dogme, aucun système, aucun dieu
n’est capable de transformer l’enfer de cette terre
en un paradis pour nos rejetons.
L’enfer est une réalité que nous pourrions décrire
dans les moindres détails
si nous avions des siècles devant nous.
Le paradis en revanche n’est qu’un mot vide de sens.
Personne ne peut tenter de le décrire
sans paraître puéril ou débile.
Des rêveurs naïfs ont imaginé un monde
sans exploitation de l'homme par l'homme ;
en voulant réaliser cette utopie,
d’autres ont créé un enfer
pire que tous ceux qui avaient existés jusque là.
Le monde ne présente que des manifestations diaboliques,
en tous lieux et en tous temps.
Seul l’homme peut faire des enfants,
les enchaîner à un métier à tisser
ou les mettre sur le trottoir, pour de l’argent.
Il vaut mieux mourir de faim que de vivre à cette condition.
La pauvreté n’est pas une excuse,
la soumission à la tradition et à la religion
est même une circonstance aggravante.
La nature est cruelle.
Elle respire le meurtre.
Elle ne vit que du sang des êtres vivants.
Mais seul l’homme est capable de l’immonde et de l’abjecte.
Tous les individus mentent.
Pas un ne dit la vérité pure et simple
parce que la vérité n'est jamais pure et jamais simple.
C’est tellement plus facile de mentir,
alors que la vérité demande efforts et prise de risques.
Toute relation sociale ne peut être basée que sur l'hypocrisie,
La guerre, la volonté de dominer l’autre
est le point central de la nature du mâle,
le point central de la nature de l’homme.
Si certains n’obéissent pas à cette volonté de puissance,
c’est qu’ils ont tout simplement peur du retour de bâton.
Ils se croient bons alors qu'ils ont simplement peur.
Ils prêchent et pratiquent la bonté tant qu’ils sont faibles,
tant qu’ils sont éloignés du pouvoir.
Mais dès qu’ils s’en sont emparé,
le pouvoir les corrompt,
et ils n’ont de cesse que d’en abuser.
La vengeance est le sentiment naturel de l'homme,
le pardon l'expression magnanime de sa lâcheté.
La barbarie est en chacun de nous.
La culture et le savoir arrivent à la masquer pour un temps,
mais jamais à l'entamer véritablement.
La religion, la foi, les croyances, l'ont toujours exacerbée.
Certains affirment que l’homme est libre
de faire le bien ou le mal ; c’est un leurre,
tout ce qui est matière est fait de bien et de mal.
De façon plus générale, la pourriture comme la corruption
est un des paramètres de l'équation de la dynamique de la vie.
La pureté totale ne se trouve qu'au sein des milieux stériles.
Voilà pourquoi dans ce monde dénué de sens,
nul ne détient le droit ou le privilège
d'imposer ses critères, ses stéréotypes, ses conditionnements.
Il s'agit de rester imperméable, sans état d'âme
devant les jugements et les excommunications,
comme devant les louanges et les flatteries.
Seul Satan a pu créer ce monde inique, le Pandémonium,
ce lieu de toutes les corruptions et de tous les désordres,
ce lieu où ne règnent que l'agitation et la fureur.
Rien dans ce monde visible
ne peut évoquer la gloire et la bonté d’un Dieu,
ni en rendre compte.
C'est pourquoi les cathares ne bâtirent ni temples ni chapelles.
Comment des milliers de générations d'êtres sensés
n'ont-ils pas compris leur message :
la seule solution pour arrêter cet enchaînement infernal
réside à l’évidence, dans l'arrêt de la propagation de l'espèce.
Rien de ce qui se passe sur terre,
ne peut être l'expression d'une volonté divine.
Il ne peut donc y avoir ni Juste Violence, ni Guerre Sainte !
Le cathare n'obéit à aucun dogme.
Il a une conscience pleine et entière
de l’incompréhension du monde et de sa dangerosité,
et sa seule tâche est de s’en préserver.
C'est sa seule morale.
Le cathare est un homme libre
et un consolateur des victimes de l’absurde qui régit le monde.
Il a jugé le monde mais ne juge pas les hommes.
Il réfute la menace du châtiment éternel que brandit les églises.
Il nie le purgatoire et la résurrection des morts.
D’ailleurs, quelle dérision cette résurrection :
souhaiter revenir dans un monde qui se fout du monde,
quelle vanité des vanités !
Pour le cathare il n'y a pas d'autre enfer que le monde.
Il rejette le culte superstitieux des reliques et des statues.
Il refuse d'adorer la croix dans laquelle il ne voit
qu'un instrument de supplice et de torture.
Il ne croit pas aux miracles.
Il condamne le droit de propriété,
à l’origine des guerres et de l’exploitation des uns sur les autres.
Il rejète le baptême qui ne permet pas de choisir sa foi librement.
Il refuse le sacrement du mariage
parce que son but est la procréation.
Il lui préfère l’union libre et la contraception.
Il approuve enfin le suicide qui libère l'âme de l’enfer.
Mais la non-violence des cathares les empêcha de résister
aux persécutions et causa leur perte.
L'inquisition en a massacré plus de deux millions.
Nous payons encore aujourd’hui ce génocide,
qui a laissé libre cours à la folie d’une humanité
aussi malfaisante que stupide,
et qui par sa propagation sans frein
et son asservissement à l’argent
a dévasté le jardin qui la nourrissait.
ANNABA sur http://philippe.annaba.free.fr