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La décroissance
31 janvier 2011

Démocratisation de la cocaïne

cocaine

Un dossier dans Marianne du 22-28 janvier 2011.

Un dossier complètement vide. Non seulement l’on n’y trouve rien qu’on ne sache déjà, mais en fait, il n’est rempli que de poncifs aussi stupides que scandaleux recueillis au gré de micros-trottoirs tendus à n’importe qui, travailleurs sociaux ou socio-psychologues compris:

« La démocratisation de la coke s’appuie sur ces mecs qui travaillent au portable et en équipe… des pros de la force  de vente… Pour eux, ce commerce fait office d’ascenseur social… La cocaïne correspond à l’image qu’ils s’appliquent à renvoyer d’eux-mêmes : on est beau, on assure socialement, on gère… » etc.

Quant à la dirigeante d’une association d’accueil et de réinsertion sociale, son discours est typique de tous ceux dans ce pays, qui n’ont rien à dire mais qui sont payés pour ça : « Il faudrait enfin produire de la connaissance sur les facteurs sociaux qui favorisent la diffusion de ce produit dans toutes les couches de la population ».

Il y en a comme ça quatre pages, avec en prime une citation tirée du livre de Frédéric Beigbeder, Un roman français : « La coke condense notre époque : elle est la métaphore d’un présent perpétuel sans passé ni futur »

L’article aurait pu, plus justement s’intituler démocratisation de l’assassinat.

En effet, aucune référence dans ce fastidieux dossier à ce qu’on trouve dans n’importe quel quotidien : pas un jour sans un jeune des banlieues qui ne se fasse assassiner dans le cadre d’un trafic de stupéfiants.

J’avais déjà réagi lorsque  Jean-Luc Delarue avait annoncé publiquement: « en consommant de la coke, je ne cause de tort à personne, uniquement à moi-même ».

Voici un extrait de ce blog publié fin septembre 2010 :

C’est le langage de tous les accros à la cocaïne, à l’héroïne ou même au cannabis, qui ne veulent pas admettre qu’ils sont les complices des criminels les plus sordides qui soient.

Chaque jour pourtant dans les journaux, combien d’assassinats dans toutes les grandes villes du monde pour la conquête ou la conservation de territoires, de no-mans lands, de banlieues abandonnées aux dealers. Combien d’habitants souffrent quotidiennement du fait de vivre dans des zones où même la police ne peut plus intervenir pour rétablir l’ordre face à de  gangs mieux armés qu’eux ?

Chaque consommateur de drogue, et surtout ces artistes du show-biz, ces cadres supérieurs qui pour oublier leur responsabilité dans la construction quotidienne de ce monde absurde, dépensent cet argent si mal gagné dans des plaisirs toujours insatisfaits jusqu’à tomber dans la pire des dépendances.

Comment peuvent-ils ignorer que des parties entières de la planète sont sous la domination des cartels qui font et défont les gouvernements, soumettent des dizaines de milliers de paysans, font régner la terreur dans toutes les grosses agglomérations d’Amérique du Sud (que Jean-Luc Delarue lise « Caracas brûle-t-elle ? » dans le Monde diplomatique d’août 2010, ça lui ouvrira peut-être les yeux, mais à son niveau, il ne peut dire « je ne savais pas »).

Dans Aujourd’hui en France (du 23 septembre 2010), à la page 13 « Les trafiquants [de cocaïne] investissent dans le prêt à porter ». Même les juridictions des pays industriels sont incapables de freiner le blanchiment de l’argent sale de la drogue qui s’investit partout dans le monde, dans le prêt à porter, dans les hôtels de luxe, les boîtes de nuit, l’immobilier, l’import-export. En fait dans toutes les activités économiques quelles qu’elles soient, et de plus en plus avec les facilités que leur octroie la mondialisation financière. En fait la mafia mondiale de la drogue est de loin la plus importante sur toute la planète et elle ne cesse de décimer les familles et de corrompre les politiques, la police et la justice.  Le milieu de la drogue et le milieu des affaires sont aujourd’hui intimement liés. 

  « Le crime d’argent est le point aveugle de notre monde, une dimension invisible… plus de 95 % de ces délits sont impunis. »  (Eva Joly in : Notre affaire à tous, Les Arènes, 2000).

Certains diront qu’il est difficile pour un consommateur de se passer de sa drogue. Il faut déjà qu’il ait la volonté de se désintoxiquer, et la prise de conscience des multiples crimes dont il est le complice devrait l’aider à réaliser cet effort, pour lui et pour l’humanité.

Il n’y a rien de plus méprisable que d’afficher régulièrement dans les médias sa défense des droits de l’homme et autres  sentiments humanitaires, lorsqu’on n’est pas capable soi-même de s’abstenir d’enrichir les criminels les plus sanguinaires qui soient.

Plutôt que de banaliser les crimes et autres méfaits liés au trafic de la drogue, peut-être vaudrait-il mieux publier des débats sur sa dépénalisation, seul moyen pour stopper les trois quarts de la criminalité qui gangrène aujourd’hui tous les pays.

Philippe Annaba, auteur de « Journal incorrect »

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