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La décroissance
12 janvier 2006

"Naître ou ne pas naître"

Qui sommes nous, d’où venons nous, où allons nous ? Chacun se pose ces questions depuis la nuit des temps. En revanche leur corollaire : qui sont nos enfants, d’où viennent-ils et où vont-ils ? C’est à dire : faut-il faire des enfants ? Est une question qui n’a quasiment jamais été posées par la littérature et la philosophie. Pourtant, si nous n’avons pas choisi de naître, si nous n’avons pas choisi l’existence, nous pouvons choisir de faire naître ou de ne pas faire naître.

              Pourquoi « Bienheureux les stériles » ?

Voici ce qu’il est dit dans  l’Evangile de Luc, 23 : 28-29, alors que   Jésus porte sa croix sur le chemin du Golgotha :

« Il était suivi d’une grande foule de gens du peuple et de femmes qui se lamentaient sur lui. Jésus se retourna vers elles : " Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi ; pleurez sur vous et sur vos enfants. Car voici venir des jours où l’on dira : Heureuses les stériles, heureuses les entrailles qui n’ont point enfanté, heureuses les mamelles qui n’ont point allaité ! " »

Il s’agit sans doute, d’une prophétie sur la chute de Jérusalem 40 ans plus tard, écrite, comme toutes les prophéties, encore plus tard. Mais dans le monde, des chutes de Jérusalem , il y en a tous les jours et depuis des temps immémoriaux. Et en effet, voici venir des jours de grandes souffrances. On peut se laisser distraire par la télévision et par les médias qui ne recherchent que le profit, ou par les politiques qui ne s’intéressent vraiment qu’à la prochaine élection, mais quelques rares personnes éclairées s’intéressent à la prochaine génération, et c’est pas triste !

Que le Christ soit le fils de Dieu ou non,  qu’importe !

Ce qui semble certain, c’est qu’il fut un initié qui voulait apporter une Bonne Nouvelle (Evangile), qui en fait, représentait une véritable révolution. Une révolution parce que le monde de Jésus est aux antipodes de celui du Dieu de la Bible.

« A Salomé qui lui demandait : jusqu'à quand la mort nous tiendra-t-elle encore en son pouvoir ? Jésus répondit: jusqu'à ce que, vous, toutes les femmes, cessiez d'enfanter. Non que la vie soit mauvaise et perverse la création, mais tel est l'ordre de la nature : génération et corruption s'enchaînent inéluctablement… » Evangile des Egyptiens

En revanche, le Dieu de Moïse se soucie peu des souffrances du vivant, hommes ou bêtes :

« Soyez féconds, dit-il, multipliez, remplissez la terre et soumettez-là. Régnez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux des cieux et sur tous les animaux qui rampent sur le sol. » Dieu dit « Je vous donne toute herbe portant semence sur toute la surface de la terre, ainsi que tous les arbres fruitiers portant semence ; ce sera votre nourriture. » (Genèse 1,28-29).

Après le Déluge, les recommandations à la descendance de Noé sont encore plus aberrantes :

« Soyez féconds leur dit-il, multipliez-vous et répandez-vous sur la terre et dominez la. Vous serez un objet de crainte et d’effroi pour tout animal de la terre, tout oiseau du ciel, tout ce qui rampe sur le sol et tous les poissons de la mer : ils sont livrés entre vos mains. Tout ce qui se meut et vit vous servira de nourriture ; je vous donne tout cela comme je vous avais donné l’herbe verte…» (Genèse 9, 1-4)

Et plus loin, Dieu dit à Abraham : « Je te donnerai de devenir le père d’une multitude de nations, je te rendrai fécond à l’extrême. » (Genèse 17,5)

Il s’agit là, dans l’Ancien Testament, d’une volonté politique populiste afin de constituer une nation puissante qui puisse disposer de nombreux guerriers dans le seul but de s’accaparer des terres de ses voisins, souvent pacifiques, comme les Cananéens par exemple.

Cela se situe aux antipodes de la pensée de Jésus Christ, qui en aucune manière ne peut être considéré comme le fils de Yahvé.

C’est l’identité même du christianisme originel qui se révèle dans cette contradiction. Identité qui a été gommée par l’Eglise.

Notons également que la première version de la création de l’homme et de la femme, dans la bible a été occultée par les religions du Livre :

« Dieu créa l’homme à son image ; mâle et femelle il les créa ». Genèse I, 27

Et dans Genèse II , Dieu crée Eve en second lieu, à partir d’une côte d’Adam, après avoir installé celui-ci dans le paradis : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul, je vais lui procurer une aide qui lui soit assortie ».

La femme n’aurait donc été créée qu’en fonction des besoins de l’homme et afin qu’elle lui apporte son aide !

Selon les gnostiques, Jésus est venu pour redonner à la femme sa place et faire le procès du mâle guerrier, hypocrite qui se cache derrière la loi, les rites et les institutions alors que la femme apporte l’amour. Ce christianisme gnostique originel fut combattu par Pierre et éradiqué par Paul.

Au IVè siècle, lorsque le concile de Nicée décréta quels étaient les textes reconnus par l’Eglise et ceux qui devaient être détruits, des  écrits religieux et philosophiques furent cachés et ne furent  redécouverts que 1600  ans plus tard.

Connaître véritablement le gnosticisme, c’était impossible avant la redécouverte des Évangiles apocryphes de Nag Hammadi en 1945 (Evangiles de Thomas et de Philippe). Selon ces textes, pour Jésus, la voie d’accès au divin par la spiritualité, ne peut se découvrir, si on se prive de la part  féminine de tout être humain. Sa résurrection, n’y est pas présentée comme corporelle, mais comme spirituelle, en tous ceux qui le comprennent, homme ou femme.

« Quand vous ferez le deux Un,

   et le dedans comme le dehors,

et le dehors comme le dedans,

    et le haut comme le bas,

    et quand du mâle et du femelle un seul vous ferez… » 

                                                    L’Evangile de Thomas

On comprend mieux pourquoi le Christ a été crucifié. Ses idées étaient fondamentalement révolutionnaires pour des sociétés profondément patriarcales, elles le sont encore aujourd’hui.

À l’origine, la société humaine comme la plupart des sociétés animales, était matriarcale. Encore aujourd’hui, des tribus comme les Mosuos en Chine continuent à vivre en harmonie avec la nature, et hommes et femmes prennent les décisions en commun. Pour ces gens là, la terre, l’eau, l’air, la forêt, n’appartiennent à personne. Une société qui ne connaît pas le mariage et où l’enfant ne sait pas qui, parmi les hommes, est son père.

La seule divinité , la divinité primordiale, c’était la Mère,  la fondatrice permanente, hors du temps, en quelque sorte immortelle. Les déesses Mères sont les manifestations les plus anciennes de la divinité (E. O. James, historien des religions).

Les matriarchies sont des sociétés de réciprocité ; elles ne permettent pas l’acquisition d’un pouvoir politique ou l’avènement d’une classe dirigeante. Elles vivent en communautés avec des rituels de redistribution qui n’excluent personne. L’existence humaine n’y est pas séparée des cycles de la nature et il n’y a donc pas comme dans les sociétés patriarcales de dualisme entre Nature et Culture. Il ne peut donc pas y avoir de conflit, de lutte, entre la Nature et la Culture, donc d’exploitation ou de destruction de la Nature. Pour l’Anthropologue Sarah Blaffer Hrdy, La lactation exige qu’une femelle reste près de son petit et offre ainsi l’occasion et la nécessité de développer l’intelligence sociale et une capacité à la compassion.

Dans les mythologies, c’est à chaque fois à la suite de l’intervention d’un Dieu Mâle, que les femmes perdent dans des combats sanglants, leurs pouvoirs ou l’égalité d’avec les hommes (Françoise Gange, Les Dieux menteurs). Petit à petit la Grande Déité fait place à une quantité de déesses spécifique (amour, fécondité, agriculture) qui se mettent sous l’autorité de dieux mâles.

Dans la bible, le paradis c’est l’âge d’or, c’est le temps où régnait la déesse Mère. En fait (dans une conception gnostique), c’est Yahvé qui sortit Adam et Eve du paradis de la Mère en donnant le pouvoir à Adam sur Eve et sur la nature. Yahvé a en effet libéré Adam de l’idolâtrie de la Déesse Mère. La première femme d’Adam, Lilith (selon la tradition cabalistique), n’a pas accepté la domination de l’homme. C’était la Mère primordiale, détentrice de l’autorité. Lilith a été évincée, démonisée, au profit d’Eve, plus docile (selon le prophète Isaïe). Même histoire dans « L’Epopée de Gilgamesh » où Innana l’Aphrodite sumérienne est vaincue par le héros.

Prenant « connaissance » de son rôle dans la procréation, l’homme sort alors de sa torpeur et prend conscience que la Déesse Mère est une "superstition", puisque sans le mâle la femelle est stérile. Puisqu’il est  comme les dieux, il prend le pouvoir et cherche à dominer les autres, parce qu’il a trouvé le moyen d’assurer son immortalité à travers ses fils.

C’est à partir de ce moment que les hommes inventent la propriété privée afin de la transmettre à leurs fils (et non à leur fille), avec comme corollaire,  l’institution de la guerre permanente. Que de crimes et de souffrances à partir d’un vain fantasme, le leurre de sa perpétuation à travers sa descendance !

Même si trois siècles avant Jésus Christ, en Chine la société est dirigée par les hommes, la pensée chinoise, repose avec le taoïsme, sur la croyance en une double force cosmique à la fois féminine et masculine (la yin et le yang).

Après 2000 ans d’erreurs, d’endoctrinement, et de rejet du Principe féminin, il est déjà trop tard pour modifier les mentalités des humains d’aujourd’hui, étape pourtant  incontournable avant d’espérer pouvoir réparer les désastres causés par la volonté de puissance des sociétés  patriarcales.

Ce texte est l'introduction de "Bienheureux les stériles" à lire sur

http://philippe.annaba.free.fr

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