Mondialisation encore et toujours
Extrait de "Bienheureux les enfants de la Mère" la suite de "Bienheureux les stériles", à paraître prochainement aux Editions des Presses du Midi :
La mondialisation est le meilleur moyen qui a été inventé pour casser le processus social des pays de l’Europe.
Insistons sur le fait que le progrès technique dès le XVII è siècle, grâce déjà aux machines qui remplaçaient le travail manuel, jusqu’à nos jours, a multiplié la productivité de façon quasi exponentielle ainsi que les biens mis à la disposition de la population. Mieux maîtrisée, cette productivité aurait dû revenir à ceux qui l’ont créée et à leurs enfants, en réduction du temps de travail, bien supérieure à celle qui a conduit aux 35 heures. Les bénéfices d'une croissance ininterrompue durant deux siècles auraient dû permettre d’offrir des activités artistiques, culturelles et sportives à tout un chacun et à conforter la sécurité dans les domaines de la santé, des retraites et des aides diverses. À l’époque du passage à l’Europe des douze, cette sorte de démocratie sociale n’était pas utopique du tout. Elle n’obligeait pas ces douze, puis ces quinze pays européens à se refermer sur eux-mêmes : au contraire, leur expérience, leur exemple, leurs liens avec leurs anciennes colonies vis à vis desquelles elles étaient redevables, leur donnaient la possibilité de leur permettre une véritable développement conjoint. Cette démocratie sociale véritable, qui permettait à tous ceux qui avaient contribué à cet essor d’en faire profiter leurs descendance, a fait très peur à tous les mâles dominants de la puissance financière mondiale qui ont décidé de renverser ce processus, beaucoup plus dangereux pour eux que leur prétendu ennemi, l’Union Soviétique. Parce que l’Europe, elle, était en train de réussir. Grâce à l’immense force prédatrice de leurs lobbyings, ils ont réussi à pourrir l’Europe de l’intérieur et à la transformer en victime consentie de l’OMC et de la mondialisation de la finance. C’est ainsi qu’aujourd’hui les pays de l’Union Européenne sont incapables d’instaurer ce que certains appellent de leurs vœux : l’allocation universelle de revenu de citoyenneté. Une impossibilité dans des pays endettés et soumis aux délocalisations et à l’indigence de leurs caisses sociales. Lors des "Rencontres méditerranéennes" de Saint-Tropez (Nice-Matin, le 26 novembre 2006), le politologue Mustapha Benchehane, a rappelé avec opportunité un rapport interne de la CIA sur la dilution de l’Europe : « L’élargissement de l’Europe est encouragé par les Etats-Unis. Car de cette façon, l’Union européenne ne deviendra jamais une vrai puissance unie et donc un acteur décisif sur l’échiquier mondial ». Les libéraux sincères, s’ils existent, devraient méditer également cette phrase attribuée à un roi macédonien et reprise par Voltaire : « Gardez-moi de mes amis ; mes ennemis je m’en occupe ».
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