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La décroissance
1 avril 2009

Le tabou du protectionnisme

Chaque jour un « bien-pensant » contre le protectionnisme.

Dans toute la presse, dMonde_diplou Nouvel Observateur au Point, en passant par Le Monde, Libération, Europe 1 ou France Culture, c’est « Haro contre le protectionnisme ! »

Dans Aujourd’hui en France du 31 mars, l’ambassadeur de Grande-Bretagne à Paris y va de sa mise  en garde : « Et surtout, nous devons résister aux tentations du protectionnisme. Personne ne doit jouer cette carte […] Pour la première fois depuis 60 ans, l’économie mondiale va avoir un taux de croissance négatif (sic). C’est dramatique et dangereux. Mais les mesures protectionnistes seraient pires que tout. Par exemple, si nous interrompons le commerce avec les Chinois, nous aurons un taux d’inflation en hausse vertigineuse car c’est grâce aux prix très bas des produits chinois que nous avons connu une croissance élevée et une inflation très basse. »

Que de contrevérités, et ce n’est pas le journaliste du consensus qui va le contester.

Notons déjà, que depuis que l’Organisation mondiale du commerce s’est échiné à supprimer tous les obstacles à la liberté des échanges quels qu’ils soient, la France ne fabrique quasiment plus rien, et elle est donc obligée d’acheter la moitié des produits industriels qu’elle consomme à l’extérieur.

Or l’OMC ne comporte aucun élu, il n’est composé que des représentants des lobbies des multinationales.

Seul Le Monde Diplomatique de mars 2009 apporte la contradiction :

« Avec une présentation des faits qui travestit la vérité par ignorance ou dessein, le protectionnisme apparaît comme un véritable tabou. Le refus d’identifier le libre-échange comme cause de la tourmente actuelle, montre que ses partisans ont quitté l’univers de la réflexion pour entrer dans celui de la pensée magique. »

Le libre-échange généralisé impulsé par l’OMC a permis la multiplication des  délocalisations vers les pays à bas coût salarial et à faible protection sociale et écologique, en augmentant le chômage, en faisant pression sur les salaires et sur les acquis sociaux. Ce qui pousse les ménages à l’endettement.

« Ce que les travailleurs des pays développés perdent en revenu, ne va pas  vers les pays émergents mais sert à enrichir encore plus une mince élite dont la fortune a littéralement explosé dans les dix dernières années. »

« La déflation importée s’est également installée dans l’Union européenne à la faveur de l’élargissement avec les stratégies des nouveaux entrants… [qui] ont délibérément joué du dumping fiscal, de taux de change avantageux, de cotisations sociales réduites et des dérogations obtenues dans l’application des réglementations écologiques pour attirer des investissements de délocalisation. Compte tenu de la taille de ces pays, il est évident que les investisseurs n’y viennent pas pour le marché intérieur mais pour s’en servir comme plate-forme de réexpédition vers les pays du cœur historique de l’Union européenne. »

« La combinaison du libre-échange et de la rigidité de monétaire de l’euro rend nécessaire, du point de vue des entrepreneurs, l’immigration clandestine. Le sans-papiers n’est pas couvert par le droit social existant. L’immigration devient alors l’équivalent d’une dévaluation de fait et d’un démantèlement des droits sociaux face à la pression de la concurrence importée. »

« Des mesures protectionnistes, qui permettent de moduler les échanges avec l’extérieur, à l’encontre de l’autarcie, qui vise un repli sur soi, s’imposent donc. C’est même la condition sine qua non de toute politique de revalorisation salariale qui rende les ménages solvables et permette d’accroître la demande. Augmenter les salaires sans toucher au libre-échange est soit une hypocrisie soit une absurdité. Par ailleurs, seul le protectionnisme peut arrêter la spirale du moins-disant fiscal et du moins-disant social qui s’est instauré aujourd’hui en Europe. »

Auteur de l’article du Monde Diplomatique : Jacques Sapir, Directeur à l’Ecole des hautes :études en sciences sociales (EHESS).

Honte à l’ensemble des médias qui refusent un débat sur le protectionnisme.

ANNABA, auteur de "Bienheureux les enfants de la Mère"

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Commentaires
U
c'est donc si difficile à comprendre que le protectionnisme intelligeant est indispensable. Coire qu'il y a des nations qui produisent et d'autre qui ne font que consommer ne s'enseigne QUE dans les hautes écoles. Cela procède d'un orgueil incommensurable : croire que nous savons faire ce que d'autres ne savent pas faire. C'est oublier une règle de modestie qui dit que tout ce qu'un humain peut faire , un autre sur terre peut le faire mieux et moins cher. Croyez moi les chinois savent faire des TGV mieux et moins chers que les Français. D'ailleurs les autres nations qui nous le reprochent ne se gênent pas pour le faire .. bande de faux culs.<br /> Ce système ne permet jamais de rapprocher petit à petit LA POPULATION des pays émergeants du niveau de vie des plus riches mais l'inverse, c'est à dire oblige LA POPULATION des pays riches à rejoindre (par le jeu de la concurrence) le niveau de vie des pays pauvres et permet à quelques uns de s'accaparer la majorité du pactole. <br /> <br /> Si j'écris population en majuscules, c'est parce que tout le problème se situe à ce niveau. Il est clair que si vous faites partie des 10 % qui profitent du système vous pouvez légitimement penser qu'il fonctionne parce que vous aurez donné du travail aux populations défavorisées et en même temps assuré la bonne santé financière de votre entreprise et de votre petite personne. <br /> <br /> Par contre si vous faisiez partie des 90 % des gens qui voient leur niveau de vie baisser de jour en jour au point pour une bonne partie d'entre eux de ne plus arriver à faire bouillir correctement la marmite et qui entendent jour après jour (parfois juste après avoir perdu leur job...) qu'il faut absolument accepter l'entier de ces sacrifices si l'on veut maintenir la compétitivité de notre pays, vous comprendriez assez vite que le bât blesse quelque part... <br /> <br /> Mais encore une fois ce système est appelé à s'effondrer tôt ou tard car le schéma que je décrivais plus haut étant appliqué à toutes les entreprises et celles-ci ne sachant s'arrêter dans la conquête des marchés et du profit maximal, elles finiront par s'auto détruire en supprimant toute production extérieure à leur monopole, et par là même en ayant oublié un principe de base, qui veut qu'une chose aie de la valeur uniquement à partir du moment ou quelqu'un en a besoin et peut vous l'échanger contre un produit dont vous avez également besoin mais que vous n'êtes pas à même de fabriquer... (c'est le syndrome de la World Company !) <br /> <br /> pour faire court et contrairement à ce qu'on enseigne à l' ENA : je mets le bouchon de la baignoire avant de faire couler l'eau
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